Janvier 2020

Le point sur le Système de surveillance des incidents transfusionnels

Author: Joanne Duncan, MSc, CCRP, HRM, Coordonnatrice du SSIT en Ontario

Le Système de surveillance des incidents transfusionnels (SSIT) est système national d’hémovigilance mis sur pied par l’Agence de la santé publique du Canada (l’Agence) pour collecter des données sur les réactions indésirables modérées ou graves liées aux composants et produits sanguins. Le ministère ontarien de la Santé et l’Agence ont retenu les services du centre de recherche transfusionnelle de l’Université McMaster pour coordonner les activités du SSIT en Ontario.

Le programme est conçu pour surveiller les réactions transfusionnelles indésirables (RTI) liées à l’ensemble des produits sanguins, qu’il s’agisse de composants labiles (globules rouges, plasma, plaquettes, cryoprécipité) ou de dérivés plasmatiques (préparations d’immunoglobuline, facteurs de coagulation et albumine).

En Ontario, 159 hôpitaux transfusent des produits sanguins. Tous les établissements qui contribuent au SSIT font état des réactions transfusionnelles (modérées à graves) à signaler. Il y a eu 1234 RTI signalées entre 2014-2018.

Ces réactions indésirables forment 20 %, de la totalité des RTI en Ontario. Le reste (80 %) se compose de réactions bénignes qui n’ont pas à être signalées à l’Agence. Un sous-groupe de 28 hôpitaux, appelés les sentinelles, signale au SSIT de l’Ontario les réactions bénignes (allergiques, sérologiques retardées et fébriles non hémolytiques) non déclarées à l’Agence.

Ces établissements sentinelles ont signalé 43,6 % de toutes les réactions indésirables et 1982 incidents qui ne doivent pas être déclarés à l’Agence.

Comme le SSIT de l’Ontario TTISS obtient des données qui servent de dénominateur pour les composants sanguins, les rapports de synthèse fournis par les sentinelles permettent de calculer les risques de réactions transfusionnelles indésirables liés à la transfusion de composants sanguins.

Les globules rouges ont été impliqués dans 632 (72,2 %) des réactions aux composants sanguins. Les RTI liées aux dérivés plasmatiques mettaient le plus souvent en cause l’IgIV (308; 87,5 %).

Dans l’ensemble, 590 (47,8 %) des RTI à signaler étaient graves ou menaçaient le pronostic vital; 462 (78,3 %) étaient liés à des composants sanguins et 121 (20,5 %) à des dérivés plasmatiques. Cinquante-six décès ont été signalés; 24 d’entre eux étaient liés à une transfusion (21 liés à des composants sanguins, 3 liés à des dérivés plasmatiques). Pour obtenir plus de renseignements, veuillez consulter notre rapport quinquennal (2014-2020) publié dans le site du SSIT de l’Ontario sous l’onglet TRANSFUSION DATA.

NOUVELLES exigences de déclaration depuis le 16 décembre 2019 : La Loi de Vanessa n’a pas de répercussion sur les exigences réglementaires de déclaration des réactions indésirables liées aux composants sanguins. En ce qui a trait aux dérivés plasmatiques (produits de protéines plasmatiques), il faut maintenant signaler toute réaction grave directement au programme canadien d’hémovigilance de Santé Canada. Pour obtenir des renseignements complémentaires, notamment sur la raison d’être de cette déclaration, veuillez consulter le NOUVEAU guide ontarien de signalement des réactions transfusionnelles publié sous l’onglet RESOURCES du site Web du SSIT ou suivez ce lien.




La gestion du sang des patients

Auteurs: Dr John Freedman, directeur du programme ONTraC et Alanna Howell IA, gestionnaire du programme ONTraC

Nous assistons depuis quelques années au développement de programmes de gestion du sang des patients (GSP). L’Ontario est un chef de file qui a été parmi les premiers à mettre en place de tels programmes. Cette gestion fait maintenant partie des pratiques optimales à l’échelle internationale, car elle est associée à l’efficacité de la pratique transfusionnelle, à l’amélioration des résultats de traitement et à la diminution du coût des soins de santé. 

La gestion du sang des patients est « l’application en temps opportun de principes médicaux et chirurgicaux fondés sur des preuves afin de maintenir la concentration en hémoglobine, d’optimiser l’hémostase et de minimiser les pertes de sang dans le but d’améliorer les résultats des traitements ». Cette traduction libre de la définition présentée par la Society for the Advancement of Blood Management (SABM), qui recoupe plusieurs autres définitions de la GSP, s’éloigne de l’accent mis sur l’utilisation moindre de composants sanguins pour adopter le développement d’une stratégie multidisciplinaire et multimodale centrée sur les résultats pour le patient. La réduction des transfusions peut être un moyen, mais ce n’est certainement pas une fin en soi. C’est pourquoi la GSP est passée d’une approche centrée sur le produit à une approche centrée sur le patient.  

Se fondant sur un ensemble de plus en plus vaste de preuves publiées au fil des ans, les cliniciens ont appris à faire bon usage des trois piliers de la GSP : optimiser l’hématopoïèse, minimiser les hémorragies et les pertes de sang, ainsi que maîtriser et optimiser la tolérance physiologique à l’anémie et son traitement. Cette gestion a permis d’adopter une approche personnalisée à l’emploi clinique des composants sanguins, ressource limitée qu’il faut réserver aux patients qui en ont réellement besoin. L’adoption de cette stratégie permet d’éviter les maux découlant des transfusions inappropriées. Plusieurs sociétés de cliniciens et associations scientifiques ont publié des lignes directrices sur le rendement et le contenu de principes de GSP visant diverses populations de patient, notamment celles publiées par le NATA (Network for the Advancement of Transfusion Alternatives) au sujet de la GSP, de l’hémostase et de la thrombose en pédiatrie, chirurgie cardiaque et obstétrique.  

Le programme ontarien ONTraC (Ontario Transfusion Coordinators) de gestion du sang des patients a été mis sur pied en 2002 avec le soutien du ministère de la Santé. C’est un réseau regroupant des coordonnatrices de soins infirmiers de 25 hôpitaux de la province qui sont responsables de la mise en place et de la gestion de programmes de GSP dans leur établissement. Le programme porte surtout sur l’arthroplastie et les chirurgies cardiaques ou gynécologiques, mais d’autres interventions en font partie. L’anémie chez les patients opérés est un problème courant et sérieux qui affecte le résultat des interventions chirurgicales. Elle est associée à une morbidité et à une mortalité accrues. De 30 à 70 % des patients sont anémiques avant de subir une chirurgie; l’anémie préopératoire est un bon indicateur de transfusion périopératoire. Tous les patients qui vont subir une intervention chirurgicale non urgente associée à une perte de sang attendue supérieure à 500 mL devraient être évalués au moins 3-4 semaines avant la date prévue de l’intervention pour voir s’ils font de l’anémie. La carence en fer est la cause la plus courante d’anémie; on peut la traiter au moyen de fer oral ou intraveineux avec ou sans érythropoïétine recombinante, la dernière étant surtout prescrite en cas de maladie chronique. Les techniques chirurgicales et anesthésiques jouent un rôle important dans la minimisation des pertes de sang. Après l’opération, le recours à des seuils restrictifs de transfusion, à la transfusion d’une seule unité et à des prélèvements réduits de sang est privilégié. 

En suivant un algorithme mis au point par les coordinatrices d’ONTraC pour optimiser l’hémoglobine préopératoire et prendre en charge l’anémie, chaque coordonnatrice identifie les patients souffrant d’anémie préopératoire. En travaillant avec le patient et l’équipe multidisciplinaire, la coordonnatrice élabore pour lui un plan de traitement personnalisé.   

Le programme a permis de diminuer nettement les taux de transfusion à l’échelle de la province; par exemple, la moyenne provinciale des transfusions dans l’arthroplastie du genou était de 24,4 % en 2002 et elle est passée à 0,57 % en 2018. Dans les pontages aortocoronariens, le taux provincial moyen de transfusion est passé de 61 % à 25 %. La mise en place de la GSP a diminué la durée des hospitalisions, la fréquence des infections et permis d’importantes économies dans le système de santé et dans la province en général.  

Tout récemment, la GSP a commencé à s’étendre ailleurs qu’en chirurgie, dans des domaines comme l’oncologie et la médecine interne. 

Toute personne intéressée trouvera des renseignements sur le programme ONTraC, y compris une trousse de GSP dans les hôpitaux sur le site Web du réseau à l’adresse www.ontracprogram.com.    

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Modifié 2014

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Modifié 2022

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