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Février 2020

Choisir avec soin à l’Hôpital général de la baie Georgienne

Author: Jessie Clelland, MLT, CQM

Technologiste responsable / Chef, Qualité, Laboratoire de l’Hôpital général de la baie Georgienne

L’Hôpital général de la baie Georgienne (HGBG) s’est inscrit au Programme Choisir avec soin pour se pencher sur la surutilisation des épreuves diagnostiques, puisque 30 % des épreuves et des traitements ont été qualifiés de non nécessaires (selon un rapport de 2017 https://www.cihi.ca/fr/les-soins-non-necessaires-au-canada ). Choisir avec soin donne aussi à notre établissement l’occasion de remettre en question des habitudes de longue date et de devenir un leader quant aux changements requis pour améliorer la qualité et la sécurité, ce qui peut aussi – dans bien des cas – diminuer les coûts.  

Nous avons entrepris la première étape du programme le 2 juillet dernier en mettant en place les « cinq gains rapides pour débuter » :  

  1. Séparer les analyses pour PT/RIN et pour aPTT et revoir les batteries de tests demandées d’emblée aux Urgences
  2. Se servir du dosage de la troponine au lieu du CK, car il est plus spécifique et sensible 
  3. Éliminer l’option « tous les jours » des ordonnances standardisées 
  4. Retirer le dosage du folate des ordonnances systématiques 
  5. Cesser de demander des radiographies pulmonaires de routine à l’USI, sauf pour répondre à des questions cliniques précises 

En octobre 2019, à peine trois mois après la mise en œuvre de la première étape, l’Hôpital a été qualifié d’établissement Choisir avec soin de niveau 1. Nous avons constaté une baisse de 84 % des dosages de CK et une baisse de 87 % des analyses pour aPTT.  

Nous prévoyons mettre en place les éléments de la deuxième étape d’ici 6 à 12 mois. En prévision de cette étape, nous allons revoir les données de l’ensemble de l’hôpital pour déterminer où d’autres améliorations sont possibles. Nous voulons nous pencher en particulier sur la médecine transfusionnelle et les transfusions non nécessaires. Au cours des prochains mois, nous allons collecter des données sur l’état actuel de notre situation transfusionnelle et déterminer des améliorations possibles. Voici certaines données que nous allons étudier :  

  1. Taux d’hémoglobine prétransfusionnelle 
  2. Diagnostic / raison de la transfusion 
  3. Taux d’hémoglobine après la transfusion d’une première unité d’hématies 
  4. Taux d’hémoglobine après la transfusion d’une deuxième unité d’hématies 
  5. Taux de plaquettes antérieur à la transfusion de plaquettes 
  6. Nombre et types d’épreuves faites sans raison à cause des batteries de tests demandés aux Urgences 

À la lumière de ces données, nous tenterons de répondre aux questions suivantes :

  1. La transfusion était-elle nécessaire? 
  2. Le patient a-t-il reçu plus d’une unité de sang?
  3. Dans l’affirmative, le taux d’hémoglobine a-t-il été vérifié avant la transfusion de chaque unité supplémentaire? 
  4. Les plaquettes sont-elles transfusées de façon appropriée?
  5. Notre utilisation des batteries de tests demandées aux Urgences est-elle pertinente? 

Nous allons aussi déterminer à partir de ces données le pourcentage de transfusions demandées alors que le taux d’hémoglobine était inférieur à 80 g/L et le pourcentage de transfusions d’une seule unité de globules rouges. Une fois le tableau de notre situation actuel bien compris, nous allons explorer l’utilité de mettre en place les activités qui suivent : 

  1. Dépistage prospectif au LMT  
  2. Pourquoi deux produits quand un seul suffit? 
  3. Formation sur l’emploi approprié des batteries de tests aux Urgences 

En conclusion, Choisir avec soin a permis d’améliorer la qualité des soins et la sécurité des patients comme des employés à notre Hôpital. Après avoir constaté les répercussions positives de la première étape, nous entreprendrons la deuxième avec confiance, sachant que d’autres améliorations s’en viennent.  

Loi de Vanessa : nouvelles exigences de Santé Canada en matière de déclaration affectant les hôpitaux

Author: Amanda Pape, BHA, BSc, MLT

Technologue responsable | Chef d’équipe, Médecine transfusionnelle et hématologie

Halton Healthcare, Oakville, ON

Les réactions indésirables aux médicaments constituent l’un des problèmes de santé les plus graves et les moins déclarés au Canada. L’entrée en vigueur de la Loi visant à protéger les Canadiens contre les drogues dangereuses (Loi de Vanessa C-17), le 16 décembre dernier, marque la première modification à la Loi sur les aliments et drogues depuis 50 ans. Cette loi qui vise à rendre les produits thérapeutiques plus sûrs obligera les hôpitaux à déclarer à Santé Canada toute réaction indésirable grave à un médicament (RIM) ou tout incident gravé lié à un instrument médical (IIM), dans les 30 jours suivant sa documentation en milieu hospitalier. Elle a ainsi été nommée à la mémoire de Vanessa Young, une jeune fille de 15 ans d’Oakville (Ontario) décédée en mars 2000 d’une crise cardiaque après la prise sous ordonnance de cisapride; les réactions indésirables graves potentiellement mortelles du produit étaient connues, et le médicament a été retiré du marché au Canada et aux États-Unis en mai 2000. 

La loi de Vanesse vise à :  

  • augmenter la quantité de rapports d’effets indésirables graves de médicaments et d’instruments médicaux; 
  • améliorer la qualité de ces rapports; 
  • soutenir la capacité d’agir de Santé Canada lorsqu’un risque grave pour la santé est décelé.

Quelles sont les conséquences de la Loi de Vanessa pour les hôpitaux et les professionnels de la santé? 

Tous les hôpitaux sont obligés de déclarer à Santé Canada les réactions indésirables graves à des médicaments et les incidents graves liés à des instruments médicaux. Les professionnels de la santé jouent un rôle important, puisque ce sont eux qui décèlent et documentent ces effets indésirables graves. C’est cependant l’hôpital qui doit : 

  • déterminer clairement les rôles et les responsabilités de ses employés; 
  • rédiger et maintenir des politiques et procédures de déclaration; 
  • identifier les incidents à divulguer; 
  • déclarer en temps utile des telles réactions et de tels incidents; 
  • se conformer aux demandes de conformité et d’application de Santé Canada; et 
  • fournir aux employés une formation sur le respect de cette obligation. 

Quelles sont les conséquences de la Loi de Vanessa pour les laboratoires de médecine transfusionnelle et diagnostique? 

La Loi de Vanessa a un impact sur la déclaration de réactions indésirables graves, ou d’un groupe de réactions mineures, associées à des produits de fractionnement du sang (p. ex. concentré de facteur VIII) et à des protéines plasmatiques (p. ex. albumine), comme le mentionne la section de la Loi consacrée aux médicaments biologiques. En outre, les hôpitaux doivent déclarer les IIM causés par des instruments diagnostiques de laboratoire, des trousses d’épreuves diagnostiques ou des tubulures, comme le précise l’article sur les dispositifs médicaux. L’hôpital a l’obligation de signaler ces types de RIM et d’IIM au fabricant et à Santé Canada.  

La Loi de Vanessa ne modifie pas le mécanisme de signalement des réactions indésirables chez les receveurs (RIR) qui est obligatoire conformément au Règlement sur le sang (et constitue l’article 30 de la Loi sur les aliments et drogues). La procédure de signalement reste la même, et les Services transfusionnels doivent continuer à les déclarer comme d’habitude. 

Les tableaux 1 et 2 fournissent la liste complète des produits thérapeutiques soumis ou non à l’obligation de déclaration en vertu de la Loi de Vanessa. Le tableau 3 résume la documentation requise, et précise à qui la déclaration doit parvenir.  

Tout produit thérapeutique comporte des bienfaits et des risques. Même si de tels produits sont évalués avec soin avant d’être homologués au Canada, des RIM et des IIM peuvent survenir une fois que les consommateurs commencent à se servir d’un produit. Le respect de l’obligation obligatoire de déclaration formulée dans la Loi de Vanessa démontre un souci partagé quant à la sécurité des produits chez les professionnels de la santé et les fabricants. 

Transmission d’un rapport de RIM ou d’IIM à Santé Canada 

Il y a trois façons de transmettre un rapport de RIM ou d’IIM à Santé Canada. 

 1. Télécopieur ou poste 

  • Des documents PDF modifiables peuvent être téléchargés du site de Santé Canada (les liens directs se trouvent ci-dessous sous la rubrique Ressources). 
  • Télécharger le formulaire PDF pertinent. 
  • Fournir tous les renseignements nécessaires et imprimer le formulaire. 
  • Envoyer le formulaire rempli à Santé Canada par télécopieur ou par la poste. Il y a un numéro de télécopieur et une adresse postale sur chaque formulaire. 

2.  En ligne  

  • Un formulaire à remplir se trouve à l’adresse www.canada.ca/medeffet. 
  • Cliquer sur « Déclarer des effets indésirables ou des effets secondaires » et suivre les directives.
  • Fournir tous les renseignements demandés et cliquer sur « Soumettre ». 

3.  Protocole de transfert sécurisé de fichiers électroniques (sFTP) 

  • Un système d’échange de données établi entre l’hôpital et Santé Canada 
  • Pour ouvrir un compte, contacter le Programme Canada Vigilance à  hc.canada.vigilance.sc@canada.ca.  

Annexes

Tableau 1 : Produits thérapeutiques sujets aux exigences de déclaration obligatoire en vertu de la Loi de Vanessa

Tableau 2 : Produits thérapeutiques exempts de l’obligation de déclaration pour les hôpitaux en vertu de la Loi de Vanessa

Tableau 3 : résumé des formulaires pertinents et de l’instance à qui les faire parvenir (SCS=Société canadienne du sang, FDOEI= Formulaire de déclaration obligatoire des effets indésirables), TTISS-ON=Ontario Transfusion Transmitted Injuries Surveillance System)

Ressources

Santé Canada, 2019. – Déclaration obligatoire des réactions indésirables graves à un médicament et des incidents reliés aux instruments médicaux par les hôpitaux – Document d’orientation

https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/medicaments-produits-sante/medeffet-canada/declaration-effets-indesirables/declaration-obligatoire-hopitaux/medicaments-instruments/orientation.html

Formulaire de déclaration de réactions indésirables graves à l’intention des hôpitaux

https://www.canada.ca/content/dam/hc-sc/documents/services/drugs-health-products/medeffect-canada/adverse-reaction-reporting/mandatory-reporting-hospital-drug-fra.pdf

Formulaire de déclaration des incidents liés à des instruments médicaux à l’intention des professionnels de la santé

https://https://www.canada.ca/content/dam/hc-sc/documents/services/drugs-health-products/medeffect-canada/adverse-reaction-reporting/mandatory-reporting-hospital-device-fra.pdf

Institut canadien pour la sécurité des patients – Matériel pédagogique de soutien

https://https://www.patientsafetyinstitute.ca/fr/toolsresources/Vanessas-Law/Pages/default.aspx

Pour toute question liée à l’obligation de déclaration des hôpitaux, veuillez communiquer avec le Programme Canada Vigilance :

  • Courriel : canada.vigilance.sc@canada.ca
  • Téléphone : 1-866-234-2345

Pour vous inscrire à la base de données du SSIT de l’Ontario, veuillez fournir vos coordonnées en suivant ce lien :

  • https://mctr.mcmaster.ca/surveys/?s=R7EEM83X7A

Résultats du sondage sur les activités d’amélioration de la qualité en médecine transfusionnelle

Author:  Troy Thompson, TML, B. Sc. (Santé)

gestionnaire régional, RRoCS

Le Plan d’amélioration de la qualité transfusionnelle de l’Ontario (PAQTO) a été développé pour aider les hôpitaux à réduire le nombre de transfusions inappropriées de globules rouges. Un récent audit mené en Ontario a révélé qu’environ 25 % des unités de globules rouges transfusées étaient jugées inappropriées1. Des résultats semblables ont été obtenus partout dans le monde.

Afin de rendre l’utilisation des globules rouges plus pertinente, le Plan a été mis en place dans le cadre de la campagne Choisir avec soin Canada afin de soutenir les activités d’amélioration de la qualité dans les hôpitaux ontariens.   

Un récent sondage a été envoyé aux hôpitaux de la province pour évaluer la participation à des activités d’amélioration de la qualité en médecine transfusionnelle. Le présent article décrit les résultats du sondage de 2019 et la portée des activités d’amélioration de la qualité sur l’utilisation des produits sanguins en Ontario. 

Au total, 56 réponses au sondage ont été reçues, ce qui représente 76 établissements. Voici les résultats aux questions du sondage. 

Pensez-vous adopter le PAQTO? 

Le taux d’adoption du PAQTO était de 91 % parmi les hôpitaux qui ont répondu au sondage; 37 % des répondants l’avaient déjà adopté et 54 % des répondants planifient de le faire. 

Parmi ceux qui ont adopté le PAQTO ou qui vont le faire, les résultats ci-dessous illustrent les éléments du plan qui ont été adoptés ou qui vont l’être. 

Quel(s) élément(s) du PAQTO sont mis en œuvre? 

Entrez-vous vos données dans l’outil de suivi du RRoCS (eTracker)? (hémoglobine prétransfusionnelle  

33 % des répondants qui ont adopté le Plan entrent leurs données dans l’outil de suivi en ligne et 33 % des répondants qui vont l’adopter planifient de le faire. 

Résultats quant aux entrées dans l’outil de suivi en ligne du RRoCS (31 établissements) 

Parmi les établissements qui saisissent en ce moment leurs données ans l’outil de suivi, les moyennes de toutes les données répétées quant à l’Hb prétransfusionnelle 

Les résultats initiaux du sondage quant aux taux de Hb transfusionnels  

Les hôpitaux continuent à faire la promotion d’activités d’amélioration de la qualité visant à augmenter le recours pertinent au sang. Certains répondants au sondage ont toutefois mentionné des obstacles particuliers à leur établissement qui limitent la participation à des activités d’amélioration de la qualité des interventions transfusionnelles. Ils ont cité le manque d’employés et les occasions limitées de formation des médecins. Des transfusions de sang plus ouvertes sont associées à de moins bons dénouements pour les patients 2-4 et les provisions de sang sont limitées. En adoptant une plus utilisation plus pertinente, on contribuera à diminuer les réactions indésirables et assurer la disponibilité de produits sanguins pour les patients qui en ont réellement besoin.  

Références 

  1. SpradbrowJ, Cohen R, Lin Y, et al. Evaluating appropriate red blood cell transfusions: a

 quality audit at 10 Ontario hospitals to determine the optimal measure for assessing

 appropriateness. Transfusion. 2016 Jul 27.

  1. Vincent JL, Baron JF,ReinhartK, et al. Anemia and blood transfusion in critically ill

 patients. JAMA. 2002 Sept 25; 288(12):1499-507. 

  1. CorwinHL, Gettinger A, Pearl RG, et al. The CRIT study: anemia and blood transfusion

 in the critically ill-current clinical practice in the United States. Crit Care Med. 2004

 Jan;32(1):39-52

  1. GoodnoughLT, Maggio P, Hadhazy E, et al. Restrictive blood transfusion practices are

 associated with improved patient outcomes. Transfusion. 2014 Oct;54(10 pt 2): 2753-9.