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Septembre 2018

Identification positive du patient et double vérification indépendante : Pourquoi est-ce important en sécurité transfusionnelle?

Par Bev Weaver, spécialiste en sécurité transfusionnelle, TLM principale, Centre des sciences de la santé de Kingston

L’administration de sang et de composants sanguins et la prise en charge du patient transfusé sont des procédures complexes comprenant de multiples étapes qui peuvent donner lieu à diverses erreurs. Les rapports du système d’hémovigilance britannique SHOT (Serious Hazards of Transfusion -UK)1 démontrent que les erreurs de transfusion résultent souvent d’une séquence de problèmes liés à la mauvaise identification du patient ou du composant sanguin.

Une administration sécuritaire de composants et de produits sanguins exige que le professionnel de la santé et le personnel de la Banque de sang collaborent pour répondre aux besoins du patient. Des politiques systématiques et des directives procédurales sont en place pour optimiser la sécurité du patient pendant la transfusion.

L’identification positive du patient est un élément essentiel de la sécurité transfusionnelle. Une mauvaise identification du patient pourrait avoir des conséquences mortelles. La transfusion d’à peine 3 mL de sang incompatible peut provoquer une réaction indésirable aigüe.2

Vous devez identifier correctement le patient au moment du prélèvement d’un échantillon de sang à son chevet pour vous assurer que l’échantillon a été prélevé du bon patient et que les tubes d’échantillons sont correctement étiquetés. Cette étape doit se faire avant votre départ du chevet du patient. Protégez votre patient et protégez-vous : n’étiquetez que les échantillons que vous avez prélevés du patient.

Si le patient est en mesure de parler, demandez-lui son prénom, son nom de famille et sa date de naissance. Vérifiez toujours que le nom, la date de naissance et le numéro d’identification (habituellement le numéro de dossier d’hôpital) qui se trouvent sur le bracelet du patient correspondent aux données des ordonnances et des étiquettes. Certains hôpitaux ont maintenant recours à une nouvelle technologie d’identification des patients dans leurs normes de sécurité. Un système informatique confirme l’identité du patient à l’aide d’un code-barres, d’un élément d’identification par radiofréquence (IRF) ou d’autre support électronique intelligible qui se trouve dans le bracelet du patient. Pour assurer la sécurité en situation de transfusion, le bracelet est balayé avant le prélèvement d’échantillons et avant toute transfusion.

Des erreurs surviennent, même lorsque les gens font de leur mieux. Selon des données publiées au sujet des transfusions de sang, le taux général d’erreur dans l’accomplissement d’une tâche est de 3 sur 1000; le taux général d’erreur lié à une omission lorsqu’aucun rappel n’existe est de 1 sur 100; et le taux général d’erreur dans un environnement très stressant où les activités se déroulent de façon rapide est de 1 sur 4.3

L’Institut pour la sécurité des médicaments aux patients (ISMP) du Canada recommande de procéder à une double vérification de façon indépendante lors de certains processus à haut risque et lors de l’utilisation de médicaments de niveau d’alerte élevé4. Les doubles vérifications indépendantes ne visent pas à mettre en doute les connaissances ou les compétences des soignants; elles reconnaissent plutôt le risque inhérent à leur travail et sa complexité de même que le fait que tous les humains peuvent faire des erreurs. De nombreux hôpitaux canadiens ont mis en œuvre des procédures de double vérification indépendante en vue de mieux protéger les patients.

Avant de commencer la transfusion, deux soignants vérifient de façon indépendante les renseignements suivants en présence du patient à qui la transfusion est destinée :

  • Si le patient est en mesure de le faire, on l’identifie positivement en lui demandant de dire son nom de famille, son prénom et sa date de naissance.
  • Le prénom, le nom de famille et le numéro de dossier du patient qui se trouvent sur le composant sanguin sont identiques à ceux qui se trouvent sur le bracelet d’identité du patient.
  • Identification de l’unité de don : le numéro d’identité de l’unité de don qui se trouve sur l’étiquette de transfusion de l’hôpital attaché à un côté de la poche de sang est conforme à celui de l’étiquette de la Société canadienne du sang attaché à l’autre côté de la poche de sang.
  • Le groupe sanguin (ABO) et le facteur Rh qui se trouvent sur l’étiquette de transfusion de l’hôpital attaché à un côté de la poche de sang sont conformes aux données de l’étiquette de la Société canadienne du sang attaché à l’autre côté de la poche.
  • Le cas échéant, les résultats de l’épreuve de compatibilité qui se trouvent sur l’étiquette de transfusion attachée à un côté de la poche sont vérifiés pour s’assurer que le sang est « compatible ».
  • Toute divergence révélée par la double vérification indépendante doit être corrigée avant que la transfusion puisse commencer.
  • Avertissez la Banque de sang de toute divergence non résolue et renvoyez l’unité de sang au labo, si on vous conseille de le faire.

Le plus grand risque transfusionnel survient au chevet du patient, entre le moment du prélèvement de l’échantillon et la transfusion d’un produit. La principale cause de réaction transfusionnelle hémolytique aigüe est l’absence de vérification du bracelet du patient. L’intégration stricte aux pratiques transfusionnelles de l’identification positive du patient et de la double vérification indépendante de son identité va rehausser la sécurité du patient.

Références :

  1. https://www.shotuk.org/shot-reports/
  2. Society for Advancement of Blood Management (SABM). Blood Administration Safety. 2015.
  3. Institut pour la sécurité des médicaments aux patients Canada (2005) Réduire le risque d’incidents ou d’accidents liés à la médication : les doubles vérifications effectuées de façon indépendante. 5(1).
  4. Institut pour la sécurité des médicaments aux patients Canada (2005) Réduire le risque d’incidents ou d’accidents liés à la médication : les doubles vérifications effectuées de façon indépendante. 5(1).

Audit provincial au chevet des patients

By: Tracy Cameron, Regional Project Coordinator, NE ORBCoN

Le RRoCS procède à un audit provincial au chevet des patients de 2018 qui débute le mardi 4 septembre et se terminera le vendredi 30 novembre. Tous les hôpitaux ontariens ont été invités à y participer; une communication à cet effet leur a été envoyé au début de juillet, ainsi qu’un rappel au mois d’août.

Tout comme pour l’audit provincial précédent, il y aura un formulaire d’audit papier transmis pour faire l’audit au chevet du patient et un outil de travail en ligne pour faciliter la saisie des résultats de l’audit Les hôpitaux seront en mesure de voir leurs propres données; les données à l’échelle de la province seront résumées et transmises sous forme de rapport. Lors de l’audit provincial précédent, la plupart des comités d’éthique de la recherche (CER) ont classé ce type d’audit parmi les activités d’amélioration de la qualité qui n’exigeaient pas d’étude exhaustive de la part du comité, mais assurez-vous de vérifier avec le comité de votre établissement, si vous avez des doutes. Le nombre d’audits à faire varie en fonction de la catégorie dans laquelle se situe votre établissement.

Catégorie d’établissement Nbre de procédures transfusionnelles / durée
Petit hôpital communautaire2 procédures transfusionnelles ou 3 mois
Moyen ou gros hôpital communautaire5 procédures transfusionnelles ou 3 mois
Hôpital universitaire10 procédures transfusionnelles ou 3 mois

Au total 80 hôpitaux (51 %) ont participé à l’audit provincial au chevet des patients de 2011; 359 procédures transfusionnelles ont été comptabilisées. Le taux le plus élevé de conformité aux normes a été obtenu à l’item de l’identification des patients. Le taux le plus faible de conformité a été à l’item de « la vérification de la confirmation de l’ordonnance ». L’objectif de l’audit de 2018 est de collecter des données et de comparer les résultats à ceux de l’audit précédent pour voir s’il y a eu une amélioration quant à la conformité aux normes courantes et aux étapes essentielles de l’administration du sang. Si vous avez des questions au sujet de cet audit, n’hésitez pas à communiquer avec nous à transfusionontario@gmail.com

Références :

  1. CSA Z902-15 Canadian Standards Association Standards for Blood and Blood Components December 2015; CSA Group
  2. Canadian Society for Transfusion Medicine Standards for Hospital Transfusion Services; v4 April 2017; CSTM
Quand faut-il changer un dispositif de transfusion pendant une transfusion sanguine? By: Leonor De Biasio, Clinical Project Coordinator, Transfusion Safety Nurse, CE ORBCoN   La sécurité optimale d’une transfusion est un des éléments clés de l’administration de composants sanguins à un patient. La sécurité optimale repose sur plusieurs aspects, dont l’évitement de toute réaction indésirable, y compris la transmission de micro-organismes infectieux. Parmi les méthodes visant à minimiser la croissance bactérienne, on recommande de remplacer le dispositif de transfusion au moment le plus opportun, en particulier si la transfusion de plusieurs unités est requise. La question se pose donc : « Quand faut-il changer un dispositif de transfusion pendant une transfusion sanguine? »   Plusieurs organisations spécialisées en médecine transfusionnelle ont mis au point et publié des recommandations ou des normes quant au moment où il était approprié de remplacer un dispositif de transfusion. Les professionnels de la santé ont constaté une divergence entre les recommandations ou les normes publiées par ces organisations. En raison de ces écarts, certains professionnels de la santé se demandent parfois quelles recommandations ou normes devraient être suivies dans leur pratique. Voici des extraits de quelques-unes des recommandations et normes publiées.   2014 AABB Technical Manual, 18e édition, p. 555 En cas de transfusion d’unités supplémentaires, consulter les directives de l’hôpital et les recommandations du fabricant pour déterminer si le même dispositif peut servir à transfuser des unités supplémentaires. Si le fabricant ne mentionne aucune contre-indication, les établissements permettent souvent de réutiliser la même tubulure pourvu que les unités subséquentes soient transfusées dans les 4 heures suivant le début de la première transfusion. En conséquence, s’il est possible de transfuser plus d’une (1) unité en quatre (4) heures, le dispositif de transfusion peut servir à transfuser plus d’un composant.   L’administration du sang sans difficulté, version 2, p. 19 Le dispositif de transfusion doit être changé au moins toutes les 2 à 4 unités et à la fréquence précisée dans la politique de votre hôpital. En cas de transfusion massive, on peut utiliser un filtre pour réduire le nombre de changements de tubulure.   2015 CSA Z902-15 Sang et composants sanguins labiles 11.4.13 Les dispositifs d’administration doivent être changés au moins toutes les 24 heures. Les dispositifs d’administration normalisés doivent être changés après la perfusion d’un maximum de quatre poches de globules rouges ou s’ils s’obstruent. Les filtres d’appoint et les dispositifs d’administration spécialisés (p. ex., dispositifs à perfusion rapide) doivent être changés aux intervalles recommandés par le fabricant ou selon la politique de l’hôpital.   2017 SCMT Normes pour services transfusionnels en milieu hospitalier version 4 5.9.4.7 Les dispositifs d’administration doivent être changés suivant les recommandations du fabricant ou au moins toutes les 24 heures ou après 4 unités de globules rouges. Les dispositifs d’administration doivent être changés immédiatement avant la transfusion de plaquettes.   Infusion Nurses Society : 2016 Infusion Therapy Standards of Practice p.136 Changer le dispositif de transfusion et le filtre après chaque unité ou aux 4 heures. Si plus d’une unité peut être transfusée en quatre (4) heures, le dispositif peut rester une place pendant quatre 4-heures (voir la norme 42, Administration Set Change).   Infusion Nurses Society : Policy and Procedure for Infusion Therapy, 5e édition, p. 225 Le dispositif de transfusion est changé après chaque unité transfusion ou aux 4 heures; si plus d’une unité peut être transfusée en quatre heures, le dispositif de transfusion peut servir pendant une période de 4 heures.   Pourquoi donc cette divergence? En 2008, Transfusion Medicine a publié une étude de Blest et coll. suggérant que la diversité des recommandations, allant de 4 à 48 heures et d’une unité à plusieurs, s’explique par l’absence de base de données probantes permettant de confirmer ou de mettre en doute les recommandations actuelles. Blest et ses collègues ont conclu que d’autres travaux de recherche s’imposaient et qu’ils devraient inclure des variables qui ont un impact sur la fréquence des changements de dispositifs, entre autres le type de filtre, l’âge du sang et la durée de la transfusion du composant sanguin. À notre connaissance, il n’y a eu aucun rapport ontarien de réaction transfusionnelle indésirable attribuée à une contamination bactérienne par un dispositif de transfusion de sang. C’est pourquoi il est recommandé aux professionnels de la santé qui font des transfusions de sang de suivre les normes d’administration et les politiques et procédures de leur établissement en ce qui a trait à l’administration de sang et au remplacement des dispositifs de transfusion.