Avril 2019

Non-conformités transfusionnelles

Auteur : Terri Molloy MLT CQA (ASQ) Technologue, IQMH, Centre d’agrément

La version 7.1 des exigences du Centre d’agrément de l’IQMH (Institute for Quality Management in Healthcare) visant les laboratoires médicaux est entrée en vigueur en avril 2017 et a servi de base à plus de 100 évaluations. En 2018, 25 visites de suivi et 53 évaluations complètes ont eu lieu.

Voici une revue des principales non-conformités observées dans les services de médecine transfusionnelle des hôpitaux ontariens visités en 2018.

Une centaine d’exigences spécifiques à la médecine transfusionnelles ont été relevées en 2018.

En regroupant par catégories ces lacunes, on arrivera peut-être mieux à cerner les problèmes particuliers qui présentent un défi pour les laboratoires de médecine transfusionnelle.

Les principales préoccupations sont présentées en ordre décroissant du nombre des mentions faites

Procédures ou processus – 15 Des centaines de procédures sont rédigées et suivies pour assurer le bon fonctionnement des services de médecine transfusionnelle. Des erreurs de compréhension et des lacunes quant à la conformité et à la cohérence continuent de poser problème.Plusieurs outils peuvent vous aider à cerner les lacunes liées aux procédures et au manque de conformité.

  1. Ajout d’une étape de validation de la démarche de rédaction et de révision des procédures. Demander au personnel de suivre une procédure ligne par ligne à sa première ébauche pour ne pas oublier d’étapes importantes dans la chaîne des gestes à poser.
  2. Modification de vos procédures d’audit interne.
  • Revoir la procédure d’audit interne et en discuter avec le personnel pendant que celui-ci exécute la procédure.
  • Poser des questions clés au sujet d’une procédure, puis vérifier ensemble que ces étapes se situent au bon moment.

Procédures de surveillance de la température – 14 Le personnel de laboratoire doit s’assurer que le sang et les produits sanguins sont entreposés correctement et éviter le gaspillage, dans la mesure du possible. Pour que tous les produits soient manipulés conformément aux exigences strictes décrites dans la norme CSA Z902-15 sur le sang et les produits labiles, le personnel de laboratoire doit revoir et comprendre les critères établis pour chaque produit.

Des évaluations des connaissances, comprenant des questions sur l’entreposage et les mesures requises pour assurer la sécurité des provisions de sang peuvent aider le personnel à prendre conscience des problèmes qui pourraient survenir et à agir pour les éviter, ce qui augmentera la confiance au sujet des procédures.

Évaluation des compétences du personnel hospitalier – 13 Peu importe le lieu de travail, la formation et l’évaluation régulière des connaissances constituent un défi.   C’est le comité de médecine transfusionnelle qui est le premier responsable de la communication avec l’ensemble du personnel au sujet des procédures transfusionnelles. Un comité bien représenté qui établit des liens avec les éducateurs de l’établissement peut recourir au soutien du personnel de laboratoire pour améliorer les résultats à ce chapitre.   Des vérifications de suivi devraient permettre de déterminer les faiblesses et d’adapter la formation pour en assurer la pertinence.

Procédures ou processus partagés à l’extérieur du laboratoire – 10 Lorsque des procédures sont écrites et transmises aux utilisateurs d’un service, il peut être difficile de savoir si les gens s’en servent correctement et si les procédures sont encore à jour.   Comme nous l’avons suggéré plus tôt, une étape de validation au moment de laquelle les utilisateurs sont invités à commenter les étapes de la procédure peut aider à rendre la procédure plus utile pour toutes les personnes concernées.   Des audits de suivi, reposant sur une liste prédéterminée des principales étapes permettront d’assurer que le matériel transmis est bien compris et utilsé.

Transport de produits – 8 Bien des contrôles et vérifications sont nécessaires quand ces précieux produits quittent le milieu sécuritaire du laboratoire.   Formation ciblée et procédures bien rédigées sont les premières étapes de création d’un processus sécuritaire. Des audits peuvent aider à assurer que le personnel comprend et suit les procédures et que le matériel nécessaire est toujours à sa disposition.

Nous espérons que cette compilation aidera les services transfusionnels ontariens à évaluer leurs propres besoins en ce qui a trait à l’amélioration de la qualité, aux audits internes et aux exigences d’agrément. Pour obtenir un complément d’information au sujet de l’IQMH, nous vous invitons à visiter notre site Web à l’adresse : iqmh.org

Ontario AB Plasma Audit 2018

Auteure : Alison Wendt TLM, Région du Centre du Réseau régional ontarien de conservation du sang

Le Réseau régional ontarien de conservation du sang (RRoCS) a procédé en 2018 à un audit provincial sur l’utilisation du plasma AB pour obtenir des données plus précises sur l’utilisation de ce composant en Ontario.

À l’échelle du pays, on constate une tendance à la baisse du recours au plasma, ainsi qu’une augmentation de la proportion de plasma AB demandé par les hôpitaux. Environ 3 % de la population générale est de groupe sanguin AB ; cependant, les demandes hospitalières de plasma AB représentent 14 % des demandes de ce composant1. Le plasma de groupe AB est considéré comme provenant de donneurs universels de plasma, puisqu’il est exempt d’anti-A et d’anti-B ce qui le rend compatible avec les patients de n’importe quel groupe sanguin (ABO). Le plasma AB sert à la réanimation initiale des patients subissant une hémorragie massive et dans les situations urgentes lorsque le groupe sanguin du patient ne figure pas au dossier.

Il s’agit du premier audit provincial portant sur l’utilisation du plasma AB ; son objectif était de déterminer le devenir du plasma AB en Ontario, qu’il soit destiné à des receveurs AB ou à d’autres receveurs; on voulait ainsi déterminer la quantité de plasma AB transfusé à des receveurs de groupe sanguin autre qu’AB et les raisons de cette utilisation.

Tous les hôpitaux ontariens dotés d’un laboratoire de médecine transfusionnelle (n=150) ont été invités à participer à l’audit. Comme pour tous les audits provinciaux menés par le RRoCS, la participation n’est pas obligatoire. Cependant, cette participation aide les hôpitaux à satisfaire aux exigences réglementaires en ce qui a trait à l’exécution d’audits réguliers2,3. Les données de sondage ont été établies et collectées pendant une période de trois mois à l’aide de LimeSurvey™ 3.13.1, un outil en ligne de sondage statistique. Les données saisies étaient les suivantes :

  • Plasma AB transfusé à un receveur de groupe AB
  • Plasma AB transfusé à un receveur de groupe autre qu’AB
    • Dans le cadre d’un protocole d’hémorragie massive (PHM) quand aucun groupe sanguin ne figurait au dossier
    • Dégelé pour un autre patient et/ou dans le cadre d’un PHM et transfusé à un autre patient pour éviter de gaspiller le produit
    • Congelé et presque périmé – dégelé et transfusé pour éviter le gaspillage
    • Parce que c’était le seul groupe de plasma en stock au moment de la transfusion
    • Dans le cadre d’un échange plasmatique
    • Dans le cadre d’une transplantation rénale de groupe sanguin incompatible
    • À un nouveau-né
    • Autre raison qui ne figure pas dans cette liste
  • Devenir autre qu’une transfusion
    • Plasma AB redistribué à un autre établissement
    • Plasma AB transféré avec le patient à un autre établissement
    • Plasma AB congelé et périmé
    • Plasma AB dégelé pour un PHM, non utilisé et périmé
    • Plasma AB prescrit, dégelé, non utilisé et périmé
    • Plasma AB rejeté, non périmé, mais brisé pendant sa décongélation
    • Cassé dans thawer plasma
    • Autre raison qui ne figure pas dans cette liste

Des procédures de vérification et de validation ont eu lieu tous les mois pendant la période de collecte et à la fin de la dernière période de saisie des données. Pendant la procédure de vérification, toutes les données ont été révisées à la recherche de toute entrée dédoublée, manquante ou erronée. Les données d’audit ont été téléchargées par le RRoCS pour analyse, à la fois globale (tous les participants provinciaux) et par région.

Quatre-vingt-deux (82) hôpitaux ont participé à l’exercice ; ces établissements ont consommé 89,5 % du plasma AB expédié dans la province par la Société canadienne du sang pendant la période de l’audit. Ce ne sont pas tous les hôpitaux qui stockent et/ou transfusent du plasma ; en conséquence, tous les hôpitaux de la province n’ont pas été en mesure de participer à l’audit. Selon les résultats de l’audit, 24,7 % du plasma AB ont été transfusés à des receveurs de groupe AB, alors que 75,3 % ont été transfusés à des receveurs d’un groupe autre qu’AB. Une différence a été constatée entre les trois régions de la province [Centre (CE), Nord et Est (NE) et Sud-Ouest (SW)]).

Les raisons les plus fréquentes invoquées pour transfuser du plasma AB à des receveurs d’autres groupes sanguins ont été : 1) PHM avant que le groupe sanguin du patient soit connu (32,4 %) et 2) pour éviter de gaspiller du plasma dégelé pour un PHM mais non utilisé (24,8 %).

L’élimination du plasma AB pour des raisons autres que la transfusion a été plutôt rare, le pourcentage le plus élevé étant associé à la péremption d’un produit dégelé pour un PHM mais non utilisé et périmé (7,0 %).

Le devenir du plasma AB en Ontario, transfusé à des receveurs AB ou à des receveurs non AB a été déterminé : un pourcentage élevé (75,3 %) de plasma AB a été transfusé à des receveurs de groupes autres qu’AB. Un récent sondage international mené par le BEST Collaborative révèle que 73 % du plasma de groupe AB est transfusé à des receveurs de groupes autres qu’AB4, résultat semblable à celui obtenu dans l’audit ontarien. En sachant à quel endroit le plasma AB est transfusé, nous pourrons mieux cibler des stratégies visant à diminuer les transfusions inutiles de ce composant et entrainer la durabilité des provisions de plasma de ce groupe.

Les hôpitaux participants recevront un rapport faisant état des données particulières à leur établissement en avril 2019.

Le rapport complet de l’audit sur le plasma AB sera publié en avril 2019 à l’adresse www.transfusionontario.org.

Références :

    1. Société canadienne du sang [Internet]. Toronto : Blood Brief;2018.An Update on AB Plasma;Aug.2018 [consulté le 11 mars 2019] ; en ligne : https://blood.ca/sites/default/files/2018-AB%20Plasma-Overview.pdf
  1. Association canadienne de normalisation. Z902-15 Sang et produits sanguins labiles. Toronto (ON) ; 2015 : 4.6.2.5, 4.6.3.1, 4.6.3.2.
  2. Société canadienne de médecine transfusionnelle. Normes de la SCMT pour services transfusionnels en milieux hospitaliers, édition de 2017. Markham(ON): 1.9, 8.1.1, 8.1.2, 9.5.
  3. Zeller MP, Barty R, Dunbar NM, et al, on behalf of the Biomedical Excellence for Safer Transfusion (BEST) Collaborative. An international investigation into AB plasma administration in hospitals: how many AB plasma units were infused? The HABSWIN study. Transfusion 2018;58:151-7.

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